La France compte plus d’1 million de véhicules électriques en circulation, 1 108 605 précisément, et a l’ambition d’en mettre plusieurs millions sur ses routes dans la prochaine décennie. Car l’éternel débat environnemental entre voitures électriques et thermiques penche en faveur de l’électrique, surtout en tenant compte de leur cycle de vie respectif.
Quels sont les facteurs qui influencent cette tendance, et comment l’avenir s’annonce-t-il ? En quoi le véhicule électrique est une solution pour réduire notre empreinte carbone et préserver notre santé ? Et à quel prix les utilisateurs doivent faire ce choix?
Un véhicule électrique émet 2 à 3 fois moins de gaz à effets de serre
Selon les études de l’ADEME (2022), la voiture électrique prend l’avantage sur son homologue thermique en termes d’émissions de CO2, même si cette suprématie dépend de certaines variables, notamment du kilométrage et du pays. En moyenne, l’électrique devient plus verte après avoir parcouru entre 25 000 et 100 000 km.
- En Suède, grâce à un approvisionnement électrique majoritairement renouvelable, la voiture électrique devient plus écologique plus rapidement.
- À l’inverse, en Pologne, où les combustibles fossiles dominent, ce seuil est atteint plus tardivement.
- En France, où l’électricité est majoritairement produite par le nucléaire, un faible taux de carbone est émis (même s’ il faut noter que le nucléaire comporte ses propres risques en termes d’accidents potentiels et de déchets radioactifs).
Sur l’ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique émet deux à trois fois moins de gaz à effet de serre qu’un véhicule diesel ou essence. Mais qu’il s’agisse de voitures à essence, diesel ou électrique, leur fabrication implique l’extraction de ressources naturelles, telles que le fer ou le cuivre, et d’autres processus qui ont un impact significatif sur l’environnement.
Les batteries des véhicules électriques, en particulier, sont sujet de toutes les attentions. Elles contiennent du lithium, du cobalt et des terres rares, dont l’extraction et la transformation sont énergivores et polluantes, impactant les pays en développement.
Les véhicules électriques vont encore diminuer leur impact carbone dans le futur
Il y a des possibilités d’améliorer encore l’empreinte écologique des VE pour mieux répondre aux objectifs climatiques de l’accord de Paris. On parle souvent de partage des véhicules pour optimiser leur usage, leur impact, et leur coût. Mais il existe d’autres solutions.
- Il faut améliorer les processus de fabrication des véhicules électriques pour réduire la consommation d’énergie et de ressources
- Adapter l’autonomie et la puissance des batteries aux besoins réels
- Faciliter leur recyclage en donnant une seconde vie aux batteries usagées, par exemple en les utilisant pour stocker de l’énergie renouvelable. Car un autre aspect à considérer pour réduire l’impact carbone des véhicules, même électriques, est le développement de services liés au réseau électrique.
Les véhicules électriques pourraient aider à stabiliser le réseau électrique
À l’horizon 2030, les véhicules électriques pourraient aider à stabiliser le réseau électrique en réinjectant l’électricité résiduelle de leurs batteries aux heures de forte demande.
- RTE prévoit une hausse de la demande de 35 % d’ici 2050. Il faut donc produire plus, tout en favorisant l’électricité décarbonée et en optimisant la consommation.
- Le vehicle-to-grid est une technologie amenée à se développer fortement (et en cours d’expérimentation un peu partout dans le monde). Elle transforme les véhicules électriques en circulation en batteries sur roues. À la différence de la recharge intelligente unidirectionnelle, la recharge V2G permet de pleinement exploiter les batteries des véhicules électriques.
- Si l’on estime que les véhicules électriques représenteront entre 10 et 15% de la consommation totale d’électricité en 2050, il est possible d’absorber ces nouvelles dépenses énergétiques en pilotant la recharge.
Et si le véhicule électrique gagnait aussi la bataille du prix
Si les conclusions sur le débat environnemental sont en faveur du véhicule électrique, il est (peut-être) plus étonnant de constater que celui du coût lui est aussi favorable dès lors que l’on parle de coût de détention (TCO). S’il faut noter que ce coût peut varier selon des facteurs spécifiques tels que le modèle de véhicule, le prix de l’électricité, les habitudes de conduite, et les incitations gouvernementales, certains critères viennent justifier le constat.
- Coût du Carburant : L’électricité est moins chère que l’essence ou le diesel, rendant la recharge d’un véhicule électrique moins onéreux.
- Entretien : L’entretien d’un véhicule électrique est moins cher et moins fréquent qu’un véhicule thermique, en raison d’un moteur électrique plus simple et de moins de pièces mobiles.
- Efficacité Énergétique : Les moteurs électriques transforment une plus grande partie de l’énergie en mouvement, permettant une plus grande autonomie avec moins d’énergie.
- Subventions et Incitations : Des incitations fiscales, subventions et exemptions réduisent le coût total de possession dans de nombreux pays. Même si ces subventions se réduisent, notamment pour les véhicules particuliers.
- Impact de la Réglementation sur les Émissions : Les véhicules thermiques peuvent encourir des coûts supplémentaires pour respecter des réglementations sur les émissions de plus en plus strictes, un problème que les véhicules électriques ne rencontrent pas.
- Valeur Résiduelle : La valeur des véhicules électriques pourrait rester élevée en raison de la demande croissante et des normes environnementales, contrairement aux véhicules thermiques.
- Durée de vie des Batteries : L’amélioration des technologies de batterie signifie des remplacements moins fréquents, réduisant le coût sur la durée de vie du véhicule.
La taille de la batterie, la clé de son impact environnemental et de son coût
“Small is beautiful”, c’est valable aussi quand il s’agit des batteries des voitures électriques. Selon l’Ademe, l’impact carbone d’un véhicule électrique augmente quasiment proportionnellement à son poids, lui-même étant fortement impacté par la capacité de stockage de sa batterie.
C’est vrai aussi pour les coûts. Les modèles électriques ont tendance à être plus chers que leurs cousins à essence à l’achat, mais des changements se profilent à l’horizon. Andy Palmer, l’ancien COO de Nissan, propose de réduire la taille de la batterie.
- Il imagine une petite batterie de 24 kWh qui coûterait environ 3 360 euros.
- Sachant que la batterie coûte à peu près 40% du coût de la voiture, avec cette approche, on pourrait voir des modèles électriques vendus autour de 20 000 euros, tout en étant rentables pour les constructeurs.
Les infrastructures de recharge pour véhicules électriques, le nerf de la guerre
Pour que la stratégie prônée par Palmer fonctionne, il est impératif d’avoir un réseau de recharge efficace. Les utilisateurs n’auraient alors pas besoin d’une grande autonomie pour leurs trajets quotidiens.
- Il faut en premier lieu répondre aux besoins des utilisateurs de véhicules électriques qui veulent se recharger à domicile. C’est d’ailleurs la raison d’être de Logivolt que de donner accès à la recharge à tous les Français vivant en appartement.
- Il faut aussi développer le réseau des infrastructures publiques et privées avec des solutions de recharge en itinérance. Les voitures électriques avec de petites batteries pourraient se démocratiser si le temps de recharge est optimisé.
L’arrivée des véhicules électriques nous amène donc à repenser radicalement notre rapport à la voiture et exige une transformation profonde de notre économie, de nos usages. Il semble illusoire de penser que nous pourrons maintenir notre dépendance à la voiture en changeant simplement de source d’énergie. Il faut quoi qu’il en soit repenser notre rapport à la mobilité, privilégier, dès qu’on le peut, le moyen de transport le moins polluant en fonction de la longueur et de la nature de son déplacement.
D’autres débats en perspective…