Le réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques est-il toujours un frein au développement de la mobilité propre en France?

La recharge des voitures électriques devient plus simple. Adopté en septembre 2023, le règlement AFIR (règlement sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs) est entré en application depuis le 13 avril 2024 et va transformer la mobilité électrique en Europe pour la rendre plus accessible et pratique pour tous, et progressivement contribuer à lever ces freins.

22 août 2024

Au cœur de cet été 2024, les articles sur la recharge de véhicules électriques en itinérance reviennent un peu comme des marronniers. Entre les questions du type “ les autoroutes disposent-elles assez de bornes?”, “où recharger au meilleur prix sur autoroute?”, ou encore “comment éviter les bouchons aux bornes de recharge?”, on devine que le sujet reste anxiogène.

Si l’on regarde les chiffres du développement du réseau de bornes de recharges publiques, la France se distingue comme l’un des leaders européens.

Malgré cette position, l’adoption des véhicules électriques par les Français reste en deçà des attentes. Les freins psychologiques liés à la recharge perdure chez les utilisateurs potentiels et ralentit le développement d’une mobilité décarbonée.

Une infrastructure de recharge publique en pleine expansion

Au 30 juin 2024, la France comptait près de 140 000 points de recharge publics, soit une augmentation de 37 % en un an. Ce développement place le pays dans le trio de tête européen en termes de nombre absolu de bornes, derrière les Pays-Bas mais devant l’Allemagne. Les opérateurs continuent d’étendre le réseau, notamment sur les aires de repos autoroutières, avec pour objectif ambitieux de disposer de 400 000 points de charge d’ici 2030.

  • Des bornes réparties en majorité sur les parkings
    • 43% dans les parkings commerciaux
    • 35% dans les parkings payants
    • 17% sur la voie publique
    • 5% en entreprises
  • Un développement des infrastructures favorisant la recharge rapide
    • 7.711 points entre 50 et 150 kW
    • 5.674 points entre 150 et 350 kW
    • 6.139 points > 350 kW
  • Un prix de recharge favorable
    • 0,36 €/kWh en courant alternatif
    • 0,39 €/kWh en recharge rapide
  • Une densité du réseau (e.g. le nombre de points de charge pour 100 km de routes) qui place la France au dixième rang en Europe. Cela souligne ainsi l’importance d’une meilleure couverture des bornes sur l’ensemble du territoire.

La dynamique de la recharge pour véhicules électriques se poursuit dans les copropriétés

L’ AFOR (Association Française des Opérateurs de Recharge), qui regroupe les opérateurs de recharge pour véhicules électriques dans les lieux privés, a récemment publié les résultats de l’observatoire de la recharge en copropriété pour le premier trimestre 2024.

  • Près de 28.000 immeubles, soit 16% des copropriétés françaises avec parking intérieur, ont adopté une solution opérateur pour leur infrastructure électrique.
  • Cela représente une augmentation de 40% du nombre d’immeubles signés sur les 12 derniers mois et de 30% du nombre de places dans ces immeubles!

La recharge pour véhicule électrique est-elle un frein psychologique tenace ?

Malgré ce réseau d’infrastructures en croissance, de nombreux Français continuent de percevoir le manque de bornes comme un obstacle majeur à l’achat de véhicules électriques.

Un baromètre Statista révèle que 25 % des Français considèrent l’insuffisance du réseau de recharge comme un frein, un chiffre un peu surprenant compte tenu des efforts déployés pour développer ce réseau. Un décalage entre perception et réalité qui s’explique par plusieurs facteurs:

  • Une méconnaissance du réseau existant,
  • Des expériences négatives isolées qui génèrent une couverture médiatique souvent alarmiste,
  • Un manque d’information sur les bonnes pratiques de recharge. 

Améliorer l’expérience utilisateur lors de la recharge de son véhicule

Si la densité du réseau est un critère important, la qualité de l’expérience utilisateur l’est tout autant. Plusieurs aspects doivent être pris en compte pour améliorer cette expérience :

  • La fiabilité des bornes :
    • Il est crucial de garantir un taux de disponibilité optimal.
    • Il faut une maintenance réactive pour éviter les frustrations liées aux bornes hors service.
  • La simplicité d’utilisation :
    • L’accès aux bornes et le processus de paiement doivent être intuitifs.
    • Une uniformisation des systèmes pourrait grandement simplifier les choses pour les utilisateurs néophytes.
  • La puissance de charge :
    • Le déploiement de bornes rapides et ultra-rapides est essentiel pour réduire les temps de recharge, particulièrement lors de longs trajets.
    • Par exemple, une recharge permettant 250 km d’autonomie en moins de 20 minutes devient progressivement la norme sur les axes principaux.
  • L’information en temps réel :
    • Des applications fiables indiquant la disponibilité et l’état des bornes sont indispensables pour planifier sereinement ses déplacements.

Les avancées concrètes qui contribuent à une expérience utilisateur en matière de recharge

La recharge des voitures électriques devient plus simple. Adopté en septembre 2023, le règlement AFIR (règlement sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs) est entré en application depuis le 13 avril 2024 et va transformer la mobilité électrique en Europe pour la rendre plus accessible et pratique pour tous, et progressivement contribuer à lever ces freins. De la densification du réseau de recharge à la transparence des coûts en passant par des moyens de paiement simplifiés, voici ce qui change:

  • Un réseau de recharge densifié avec plus de stations tous les 60-100 km d’ici 2025, y compris pour les véhicules utilitaires lourds avec des puissances de 350 kW.
  • Des infrastructures à hydrogène disponibles dans les grandes villes et tous les 200 km dès 2030.
  • La transparence des coûts avec des tarifs clairs par kWh, minute et session.
  • La diversification des paiements avec les cartes bancaires, le paiement sans contact et les QR codes depuis avril 2024.

Un travail de pédagogie factuel pour lever les freins à l’adoption du véhicule électrique

Pour surmonter les réticences persistantes concernant la recharge, un effort de pédagogie est aussi nécessaire. 

  • Lutter contre la désinformation qui circule sur les réseaux sociaux et dans certains médias est également crucial pour rassurer les consommateurs.
  • Cela passe par
    • La communication sur les progrès réels,
    • L’éducation sur les nouvelles habitudes de recharge,
    • La démonstration de la faisabilité des longs trajets en véhicule électrique. 

En route vers une normalisation de la mobilité électrique

L’adoption massive des véhicules électriques en France ne dépend donc pas uniquement du nombre de bornes installées mais d’un équilibre subtil entre le développement des infrastructures, l’amélioration de l’expérience utilisateur, et un changement des mentalités. Les constructeurs jouent également un rôle clé en proposant des véhicules avec une autonomie accrue.

À mesure que ces progrès se poursuivent et que le réseau de recharge continue de s’étoffer, la perception des Français est amenée à évoluer. L’objectif est de faire de la voiture électrique non plus une exception, mais la norme, alignant ainsi la réalité du terrain avec les ambitions écologiques du pays. 

La France dispose de tous les atouts pour devenir un leader européen de la mobilité électrique. Il reste maintenant à convertir ce potentiel en une adoption massive, en conjuguant développement des infrastructures, innovation technologique et évolution des mentalités. Le chemin est tracé, il ne reste plus qu’à l’emprunter avec confiance et détermination.